Bateau pour Bahia Negra (Paraguay)

Publié le par Voyageur

Il est difficile de savoir quand vient exactement le bateau, vu que chaque local a reçu la dernière info, et qui est différente de l'autre. Ne voulant pas le rater, j'ai donc attendu plus de 2 h sous le cagnard. Et partagé le téréré (maté froid typique du Paraguay) avec d'autres patients passagers. Contrairement au européens, la majorité des latinos américains sont très patients. Et viennent donc très trop pour être sûr d'avoir leur place. La notion du temps est vraiment différente de chez nous. 

L'arrivée du bateau est très folklo et très attendu, vu qu'il livre plein de trucs, la poste, les sous, etc... Et c'est la bousculade entre ceux qui veulent monter et descendre. En voyant le bateau et sa cargaison, on a peine à croire que l'on va pouvoir voyager pendant 2 jours dessus. Car en fait, c'est un bateau de cargaison, et non un bateau touristique. Le fait qu'il va relier plein de lieux non distribués par le réseau routier, il embarque également plein de monde, entre les habitants des villages venus « à la ville », ou ceux qui partent travailler dans quelques lointaines contrées.

 

Premier but, trouver un endroit pour poser les affaires, et ensuite, se renseigner pour dormir. (je rappelle qu'on pouvait réserver de Conception une sorte de vague cabine. J'étais arrivé là le jeudi soir et avais trainé tel le maladroit le vendredi matin. Ensuite, bureau fermé pour le week-end. Décidemment, le fait de ne pas être un lève tôt cause souvent des problèmes...). Et  à part le fait d'être un trainard, suis une pomme, vu que le bateau était arrivé le dimanche à Conception et que j'aurais pu directement allé réserver sur place ! Bref, je n'ai pas encore le côté vraiment démerde du bon routard. Vais donc prendre 2 ou 3 ans de plus de vacances pour l'acquérir !

 

Circuler sur bateau n'est pas des plus facile. D'abord parce que c'est le bronx sur le pont, entre les personnes descendants et montants, le tout au milieu d'une cargaison très hétéroclites, entre motos, sac de ciments, caisses de bières, frigidaires, divers meubles, bidon d'essence, trucs, machins et autres bidules... Et à l'intérieur, c'est encore pire. Sont regroupés des passagers dans les maigres couloirs ou sur des bancs, eux-mêmes encombrés de divers victuailles, vu que plein de vendeurs habitent en quasi permanence sur le bateau, offrant leur services autant aux passagers qu'aux divers villageois des bleds que nous allons croiser qui viendront faire leur emplettes !

 

Quand on voit le bordel, on sait d'ores et déjà que la nuit va être difficile. Ayant croisé un couple de jeunes hollandais (facile de reconnaître les touristes, il n'y avait qu'eux pour la descente et un américain et moi pour la montée ; déjà que le pays est touristique, il y a donc pas vraiment beaucoup d'amateurs pour ce genre de voyage en bateau et pour aller quasi nulle part) qui avaient une cabine, suis allé m'enquérir auprès du cuisinier, grand manitou des cabines (il y a donc une vague cantine à bord). Il m'a offert en effet de prendre ladite cabine, mais seulement pour une partie de la nuit, car un brésilien aurait peut-être réservé. (A  moi pas possible, mais au brésilien oui ! Doit connaître plus ce monde, ou mieux parler espagnol, ou alors proposer un bakchich. J'ai encore beaucoup à apprendre. 3 ou 4 ans encore de voyage ???) 

Les toilettes sont turques et me suis dit que je m'abstiendrai durant le voyage ! Idem pour la bouffe du cuisinier. Qui pourrait m'envoyer tout droit dans ces toilettes que je veux éviter. Y a assez de fruits à vendre sur ce rafiot ! 

Soirée sur le pont ou à errer péniblement dans les couloirs, où des gens dorment tant bien que mal dans tout espace (par terre, appuyé contre une mur, un sace de ciment, sur un hamac, les ns sur les autres, ou pour les chanceux sur un banc). L'avantage, on ne meurt pas de faim ni de soit, et on trouve de tout sur ce bateau, surtout des fruits et légumes, qui semblerait-il ne poussent pas des les régions où nous allons. A chaque escale dans un hameau quelconque, c'est branle-bas de combat ! Plein de monde descend, emportant tout un fatras de choses. On se dit qu'on va avoir plus de place. Mais non, tout autant de monde monte, avec sa moto, sa maison, ses enfants, etc... L'occasion de parler avec plein de monde différents, des paraguayens (descendance blanches, même si certain sont très tipés), autant que des indigènes, ayant leur propre langue et culture, souvent dédaignés par les paraguayens comme une bande de parasites. 

Couchés sur le pont à regarder les étoiles, sous une chaleur idéale, l'américain et moi en venons à regretter d'avoir pris la cabine. Mais à chaque escale, il faut se lever, car il faut ouvrir le pont pour sortir divers marchandises. Bref, la cabine, nickel ! Quand on parle de cabine, c'est très simple. 2 lits superposés, avec de simples matelas qui ont emmagasiné la transpiration de quelques centaines de gens. Un de ces matelas atterrirait chez nous qu'il serait immédiatement désinfectée par une équipe spécialisée, brulé, et envoyé en satellite pour quelques milliers d'années ! Un certain nombres d'insectes volant et rampant nous tiendrons compagnie pour la nuit. Et surtout une colonie de moustiques se pourléchant déjà les babines à l'idée de déguster ce merveilleux sang de blanc si rare dans ces contrées oubliées ! 

3 heures du mat, réveil brutal ! Les brésiliens sont finalement présents à Isla Margarita (en face du port brésilien Porto Murtinho, où les riches brésiliens viennent pratique la pêche sportive. Et donc de nouveau sur le pont. Etoiles sont toujours présentes, mais le froid aussi, sans sac de couchage ! Bref, la nuit fut très courte ! 

Petite parenthèse : l'on vient beaucoup pêcher par là, car le Rio Paraguay est très poissonneux. La preuve : un gus a jeté sa ligne du bateau, sans appât, et moins de 10 sec (si,si, 10 secondes !), il prenait un poisson de 40 cm. Un peu plus tard, un japonais (un autre touriste  moins voyant que je n'avais pas vu) a sortir son fil, tenant sur un morceau de plastique d'une dizaine de centimètres : en 5 minutes, 2 poissons ! Mais perdu le 2ème, car trop gros pour sa ligne ridicule. Bref, un endroit idéal pour le pêcheur (Thierry, si Bruxelles ne te plais pas, tu sais où venir !)

 

Dans la journée, divers arrêts toujours aussi pittoresques dans des ports perdus, des communautés indiennes ou dans des estancias. Même dans une estancia/hôtel de luxe pour et tenue par des japonais pour les mateurs de pêche ! Mais qui donnent énormément de travail et de bons salaires aux indigènes (et seulement aux indigènes) des environs. Ceux ci alternent un mois de travail complet et un mois de vacances. Une aubaine pour les indigènes qui vénèrent ces généreux japonais débordant de sourire, courbette et merci !

 

Arrêt dans la « ville » du coin, encore plus petite que Vallemi. Voulait descendre là et continuer ensuite en bateau stop, mais les locaux m'ont fortement déconseillé. Pas de route jusqu'à Bahia en ce moment, pas de bateau collectif autre que celui dans lequel nous sommes et qui ne passe qu'une fois par semaine, et un trajet pour Bahia Negra en bateau privé à minimum 250 fr (130 euros). Par contre, suis descendu faire un tour, le transbordement des marchandises et gens prenant toujours du temps.  Ca a donné envie à l'américain qui lui est finalement descendu et reprendra le même bateau le lendemain au retour.

Beaucoup de monde étant descendu à Fuerto Olympo (nom du bled/village), des cabines sont libres, ainsi que des hamacs. On ne me l'avais pas dit, mais les divers hamacs disséminées dans tous les coins possibles du bateau sont à louer aussi. Craignant le froid du matin (un peu fiotte quand même, le routard...), ai donc pris une cabine (hors de prix pour le local, env 15 euros, qu'on la prenne pour quelques heures ou pour les 3 jours que durent le voyage depuis Conception). Si beaucoup de monde est descendu, tout autant en sont montés. Mais cette fois ci que des indigènes. 

Ai pu discuter avec eux, de leur culture, leur coutumes, et leur donner un peu manger, car ils n'ont pas grand chose. Enrichissant ! Pour eux, tout appartient à tout le monde. Si sa femme va avec un autre et quel est heureuse, pas d'esclandre ni de scène. Il y a quelques années encore, la polygamie était possible. Et pour accéder au titre de « cacique », dirigeant de la communauté, il fallait avoir minimum 3 épouses. Le cacique avec qui je discutais regrettais que la loi du Paraguay venait de passer avant son élection , et de ce fait. À dû ce contenter d'une seule femme ! Les méfaits de la civilisation...

 Pour la nuit, j'ai offert la couche de libre au cacique. Comme quand on leur offre à manger ou a boire, ils sont contents, mais ne disent jamais merci. C'est dans leur coutume, tu as, tu dois partager ! Mais bon, eux n'ont rien, ce qui facilite le partage ! Ce qui explique les problèmes de magasin tenu par indigènes. Quant un a faim, il vient demander à manger. Même s'il n'a pas d'argent (ce qui est souvent le cas), l'autre indigène doit lui donner. Donc personne ne bosse, vu que le magasin est plein ! Il est donc rapidement vide, et le tenancier fauché ! Il n'y donc plus de magasin tenu par des indigènes ! Dans certaines communautés, c'est un mennonite qui est à la caisse. Dans d'autres, il faut sortir du village communautaire et aller dans un magasin du village voisin. 

En rendant service à un indigène, me suis dit que Dieu me le rendrait au centuple. J'espère qu'il comprendra et qu'il ne me donnera pas 100 indigènes ! On dit d'eux qu'ils ne sont pas anthropophage. Mais on ne sait jamais... Déjà un qui ne me bouffera pas. En tout cas pas le premier soir... 

Dans la cabine, c'est la fournaise ! On transpire à grosses gouttes ! Et donc pas possible de dormir non plus. Si je dois reprendre ce bateau, vais essayer le hamac, qui doit être moins étouffant que la cabine et moins froid que le pont (avis aux amateurs...). 

J'avais déjà vu des gars passer avec leur savon et leur serviettes, mais impossible le premier jour de découvrir les douches.  Mais... le 2ème jour... En fait, si on lève la tête dans les toilettes (turque rappelais-je), on voit un tuyau. Et voilà les douches ! Le lieu ne donne pas vraiment envie de se laver. Et suis sur qu'il y a 3 chances sur 4 que les affaires de rechange suspendues à de modestes clous en dessus des toilettes finiront dans celles-ci. Bref, les paraguayens étaient propres, et moi me suis confondus avec les indigènes ! J'attendrai des vraies toilettes et une bonne douche dans l'hôtel de Bahia Negra !

 Et nous voilà arriver à Bahia Negra en fin d'après midi du vendredi.  Un peu moins de 2 jours de voyage depuis Vallemi (et plus de 3 depuis Conception). Un voyage différent, au milieu de la vie de tous les jours des paraguayens et indigènes. Si différente de la vie en Europe. Un grandmoment d'humanité ! Mais quel plaisir d'arriver, même si en voyant le bled, je me suis demandé ce que je venais foutre dans ce trou ! 

Publié dans Paraguay

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